Les réseaux sociaux professionnels, comme l'allemand Xing, sont en passe de conquérir l'Espagne ( Photo P.C.).
Et si les réseaux sociaux professionnels étaient la vraie révolution? Celle qui changera bientôt la manière de faire du business. Certains ont l'air de le croire, tel Xing, réseau d'origine allemande, qui s'attaque au marché espagnol avec une campagne marketing impressionnante.
Paseo de Gracia, à Barcelone et calle Alcala à Madrid. Dans les deux villes, une affiche gigantesque couvre des édifices entiers avec cette question « ¿ Quién se lo monta con quién ? ». Le réseau social allemand Xing, qui l’an dernier avait racheté les espagnols eConozco et Neurona.com, a sorti l’artillerie lourde pour s’attaquer au marché espagnol. Déjà fort d'un réseau professionnel de « cinq millions d’utilisateurs » , il entend bien poursuivre son expansion en Europe.
Et pour cela, il bénéficie d’une conjoncture plus que favorable. Après la mode des réseaux sociaux généralistes comme Facebook, ce sont aujourd’hui les réseaux sociaux professionnels qui se développent à toute vitesse. Plus ciblés sur les cadres, chef d’entreprises et hommes d’affaires, ils n’ont qu’une vocation : le business. Les uns y voient un excellent moyen de « chasser » de nouveaux collaborateurs et trouver des « cerveaux », les autres cherchent de nouveaux associés ou des clients… En somme, les entreprises viennent y faire des affaires. Mais pas avec n’importe qui : les réseaux professionnels permettent de rentrer en contact avec d’autres professionnels par le biais de ses connaissances. L’avantage est alors d’être « recommandé ». Mais les réseaux professionnels permettent aussi de réaliser des actions de marketing personnalisées. Il s’agit de tisser une toile d’araignée progressivement, en élargissant petit à petit le cercle de ses connaissances. L’occasion de vérifier le dicton populaire qui dit que « la terre est petite » et la théorie des six degrés de séparation, selon laquelle toute personne sur terre est connectée à n’importe quelle autre par le biais d’une chaîne de connaissances de moins de six personnes.
Les inconvénients de ces réseaux sociaux sont principalement la présence des fameux « spammers sociaux », des utilisateurs dont l’unique objectif est d’être connu et d’apparaître dans les classements des réseaux sociaux pour leur nombre de contacts, et le fait que certaines personnes utilisent ces réseaux sans se rendre compte de ce qu’elles révèlent sur elles-mêmes, ni parfois sur leurs contacts. Mais dans les réseaux professionnels, où l’objectif est plus clair, ce genre de cas est moins fréquent. Ici, on sait ce que l’on vient chercher. La preuve : les services particuliers offerts par Xing et d’autres réseaux sociaux : publication d’offres d’emploi, recherche d’utilisateurs par nom d’entreprise et tout dernièrement, une dernière trouvaille qui consiste à situer sur une carte les membres de son réseau. Le tout, moyennant la souscription des services « premium ».
Cotée en bourse
Dans ce domaine, Xing connaît une croissance rapide. Créée en Allemagne en août 2003 sous le nom de OpenBC, Xing fut, en décembre 2006, une des premières entreprises européennes de la « Web 2.0 » à rentrer en bourse. De quoi lui donner des ailes pour partir à la conquête de l’Europe. En Espagne, l’aventure de Xing commence l'an dernier avec le rachat en mars, du réseau professionnel eConozco dirigé par Albert Armengol qui compte alors 150 000 utilisateurs. Puis en juin, il s’attaque à Neurona.com, projet créé par le Groupe Intercom, proprétaire de Infojobs.net, dont le nombre de membres se montent à 950 000.
Aujourd’hui, le groupe compte 109 employés répartis dans 19 pays et 5,7 millions de membres. En 2007, son chiffre d’affaires a atteint les 19,6 millions d’euros, trois fois plus qu’en 2006. A cette allure, son objectif est clair : concurrencer en Europe le géant américain LinkedIn et ses 17 millions d’utilisateurs dans le monde.